Quatrième de couverture
" Ses yeux pour qu'ils arrêtent il aurait fallu qu'il les arrache. Ça aurait changé sa vie. Quand on est un enfant on peut arracher les pétales d'une fleur les pattes d'une mouche le tissu des fauteuils mais pas ses propres yeux. Et quand on est un adulte et bien il est trop tard... " Bang a un don qui lui donnerait presque envie de mourir, Nao une maladie qui lui donnerait presque envie de vivre. Ensemble ils décident de partir comme on fuit.
Mon avis
Il ya deux ans, j'avais découvert Estelle Nollet et son formidable "On ne boit pas les rats-kangourous". Quand j'ai vu qu'elle venait de sortir un 2ème roman, j'ai sauté de joie tout en l'attendant au tournant. Allait-elle m'envoûter comme dans le 1er ? Allait-elle confirmer son talent ?
Eh bien, je peux vous répondre que oui ! Mille fois Oui !!! Ce roman confirme qu'elle a largement sa place parmi les grands !
La quatrième de couverture ne raconte rien de ce roman, ça titille la curiosité mais c'est tout. Il faut passer outre et ne pas hésiter à découvrir Bang et Nao.
Bang a un don, ou plutôt une malédiction. Quand il regarde les gens dans les yeux, ceux-ci ne peuvent s'empêcher de lui dévoiler leurs pires secrets. Et en général, ça se retourne contre lui et il en ressort avec des coups. Depuis tout jeune, il a appris à vivre en regardant le sol (ce sol qu'il imagine comme le dos d'une bête géante, c'est d'ailleurs pour ça qu'il ne porte que des chaussures à semelle de crêpe, pour ne pas lui faire mal ...), à éviter le regard des gens. Jusqu'au jour où il croise Nao. Ils se regardent et ... rien ne se passe. Elle lui ment. Le soulagement pour Bang ! Nao a son propre secret : elle vient d'apprendre qu'il lui reste peu de temps à vivre.
Ces deux paumés de la vie décident de partir, nous entraînant dans un road movie déjanté. Un peu à la Bonnie and Clyde.
La force de ce roman réside en plusieurs choses :
- une écriture puissante, percutante, déroutante parfois de par son manque de ponctuation, (je ne me remets pas de son style, de ces phrases qui disent tout, qui décrivent une atmosphère en 4 lignes qui nous laissent sur le popotin tellement c'est fort !)
- quand on croit lire la fin, on se rend compte que non, il nous en reste encore en main ! Et à la vraie fin, on se dit "ah bah oui ça ne peut se finir que comme ça".
Pour moi, Estelle Nollet est l'ovni de cette rentrée littéraire ! Atypique, spécial, les adjectifs me manquent pour décrire ce roman et ce style si peu conventionnel.
Je n'ai qu'une déception : le bon, la brute etc, ne fait parti d'aucune sélection des prix littéraires à venir ... Et c'est bien dommage !