" Orpheline, dyslexique, obèse. Les fées ne s'étaient apparemment pas penchées sur mon berceau. Mais cette farouche envie d'exister, que chaque épreuve venait renforcer, et les quelques anges gardiens que j'ai croisés m'ont aidée à devenir celle que je suis : imparfaite mais vivante. " Sauvée par une famille qui l'a cachée pendant la guerre, à la Libération, Odette se retrouve orpheline de ses deux parents, déportés à Auschwitz. Commence alors une enfance ballottée d'orphelinat en orphelinat, loin de ses frères et sœurs. Malgré sa rencontre avec la baronne de Rothschild, son " ange gardien " - qui recueille des enfants en détresse -, le chagrin, les mots qu'Odette n'arrive pas à exprimer et qui pourraient la soulager la plongent petit à petit dans la dyslexie et l'obésité. La vie professionnelle va lui offrir un nouveau souffle. L'amour des enfants dont elle s'occupe comme nurse l'apaise, mais ne soigne pas sa blessure originelle. A trente ans, un homme entre dans sa vie, qu'elle aime éperdument. Mais il se révèle jaloux et la bat. Un enfant naît, l'homme ne se calme pas. Odette et son fils sont obligés de fuir. L'errance reprend. A 55 ans, pour la fondation " Survivants de la Shoah " de Steven Spielberg, elle témoigne pour la première fois de son expérience. Les vannes s'ouvrent alors, un chemin de guérison devient possible : elle découvre la peinture et remplace les mots trop longtemps tus par des couleurs.
Mon avis
Cela fait 3 ans que cette autobiographie est dans ma PAL. J’avais commencé à le lire quand mes amis, eux-mêmes amis d’Odette, me l’ont prêté, mais je ne devais pas être prête.
Avec le recul, je me dis que tous les livres que j’ai lus sur la Shoah ces derniers mois m’ont amené lentement à celui-ci. J’avais sûrement besoin de me préparer moralement. Je craignais ce que j’allais lire, je craignais les souffrances subies par Odette que j’ai eu le plaisir de croiser deux ou trois fois.
Finalement, j’ai plongé et dévoré cette autobiographie en trois jours. Jusque-là, j’avais surtout lu des œuvres « traitant de l’intérieur » l’Holocauste. Avec Odette, on aborde la vie après. Comment se reconstruire, se construire tout court. Odette nous livre sa vie et ses souffrances avec pudeur. Son voyage en Israël m’a bouleversée ainsi que celui à Auschwitz. Voyages nécessaires à son deuil ainsi que son témoignage même si elle ne s’en aperçoit qu’après coup.